J’ai teste YUBO, le Tinder des moins de 18 ans

J’ai teste YUBO, le Tinder des moins de 18 ans

L’application YUBO, reputee comme etant le « Tinder » des moins de 18 ans, a leve en decembre 2019 11,2 millions d’euros pour poursuivre son developpement. J’ai passe deux semaines dessus. et voila ce que j’ai vu.

« Oh c’est un vieux, mate sa tete de daron, vas-y on le degage » . A peine arrive sur un live video intitule « on fait des couples » , ma tronche de trentenaire est immediatement reperee. L’instant d’apres, on m’ejecte manu militari. Il aura fallu que je m’essaye a YUBO http://www.datingranking.net/fr/seniorblackpeoplemeet-review/, l’appli preferee des jeunes, pour prendre conscience que je suis un « vieux » !

YUBO, ton univers impitoyable

En 2015, trois anciens etudiants de Centrale et Telecom Paris lancent l’appli (alors appelee Yellow). En decembre 2019, le succes est au rendez-vous et les fonds d’investissement Alven, Sweet Capital et Village Global (qui compte des investisseurs comme Mark Zuckerberg et Jeff Bezos) remettent plus de 11 millions de dollars sur la table. L’objectif ? Aider cette application qui permet aux jeunes de « trouver des amis en ligne » a grandir encore plus.

Mais a quel besoin repond Yubo ? Sacha Lazimi, l’un des fondateurs, raconte qu’il s’agit alors d’une reponse a la solitude de la generation Z. « Les ados sont continuellement connectes, mais n’interagissent qu’avec des likes ou des commentaires, constate-t-il. YUBO permet de se faire de vrais amis et de discuter sur de vrais sujets. » En integrant un systeme de swipe a la Tinder et des lives video pouvant reunir jusqu’a 10 personnes en direct, l’application se veut bon enfant.

Pourtant, elle aurait de quoi faire flipper les parents. Depuis quelques mois, les articles catastrophistes se multiplient. On y parle d’ados en roue libre qui n’hesitent pas a se mettre (litteralement) a nu ou a faire usage d’un langage trash. Paradoxalement, la plateforme est aussi presentee comme etant exemplaire en matiere de moderation. Pour en avoir le c?ur net, je decide donc d’aller voir par moi-meme a quoi ressemble YUBO.

Mes premieres tentatives sont d’une naivete confondante. Je cree un profil sur lequel j’indique mon age, 35 ans. J’y ajoute une photo de moi. Resultat : j’erre dans un veritable desert numerique. Je tombe parfois sur quelques profils qui correspondent a mon age, mais je n’accede a aucune video live – j’envisage un bug de la plateforme. Naif, je vous dis.

Une seule population semble interessee par mon profil. Je deviens la cible privilegiee de « brouteurs » . C’est ainsi que l’on designe les arnaqueurs qui creent de faux profils feminins. Tous adoptent le meme schema – ils se presentent comme etant des « femmes divorcees et dans le besoin » dont l’objectif est assez clair : me soutirer de l’argent.

Un nouveau profil pour une nouvelle vie

Frustre, je decide de mentir. Sur mon age pour commencer. je me retire 10 ans. Un changement qui n’est normalement pas permis par l’application. Pourtant, tout semble fonctionner. Enfin, je decouvre les fameux lives video. Les titres sont accrocheurs : « action ou verite » , « on fait des couples » , ou bien encore « radio sexe » . Au moins, on en a le c?ur net. Sur YUBO, on parle de cul – et d’amour. Sujets derives : la religion, la drogue et la sexualite. Les plus populaires comptent une centaine de spectateurs, tandis que la plupart ne sont regardes que par 10 ou 20 personnes.

Certains jeunes s’affichent en train de fumer un joint. D’autres endossent le role d’animateurs tele et amusent la galerie a coup de blagues quand ils ne jouent pas les entremetteurs. Je constate que la culture du clash est aussi tres presente. On voit des ados lancer des lives dont l’objectif est de juger le physique des autres. Ailleurs, ils insultent les personnes de la communaute LGBT. De maniere globale, l’homophobie et la transphobie sont courantes dans les conversations – memes si certains lives sont bien plus accueillants et securises sur le sujet.